On entend souvent à Madagascar le mot « azafady » , qui est une marque de politesse signifiant « s’il vous plait » ou « pardon ». Mais quelle est l’origine de ce mot ? Ça vient de deux autres mots malgache: « aza » (négation) et « fady » (interdit). Littéralement, « azafady » signifie « que ce ne soit pas interdit » .
Que sont les fady ?
Les fady dictés par les ancêtres (razana en langue malgache) sont les « tabous » ou « interdit », qui font parties intégrantes de la coutume malgache. Les fady régissent plusieurs ethnies de Madagascar. Cette croyance s’oppose à la science et occupe une place capitale dans la majorité des régions de l’ile.
La plupart de ces tabous peuvent paraître étonnants aux yeux d’un européen, pourtant, il est fortement recommandé de ne pas jouer avec la patience de la population, car eux y croient fermement. De même, vous pourriez assister à des évènements qui vous remettront en cause votre vision du monde ( ce que je ne vous souhaite pas ; pour le moment, je n’ai moi-même pu récolter que des témoignages).
Le respect des fady
Ne pas respecter un fady peut créer de sérieux problèmes avec la population !
Transgresser un fady résulterait à offenser les razana, et certains villageois pensent que la colère de ses derniers pourrait s’abattre sur celui qui a enfreint les interdits. Ils craignent que le malheur s’abatte sur tout le village, voir sur toute la génération future. Le non-respect des fady est un acte à ne pas commettre pour ne pas offenser les villageois.
Les habitants pourraient réclamer à ce que le fady enfreint soit réparé par l’imploration ou l’évocation des ancêtres. Cela pourrait être onéreux en fonction du degré de la faute. Parfois, il suffit de verser du taoka gasy (rhum) à l’endroit du « délit », parfois le sacrifice d’un poulet noir pourrait régler l’affaire ! Mais parfois, le sage du village estime que le courroux des ancêtres ne pourrait être apaisé que par un sacrifice de zébu : à une date et heure donnée par le mpanandro (médium) . C’est un évènement très protocolaire nécessitant la présence de l’ancien ou le sage du village qui est le seul, apte à supplier le pardon des razana.
Le manquement à ces interdits pour un malgache est habituellement l’exclusion de la communauté et de la famille. Il est considéré comme impur et est rejeté par toute la communauté qui craint de subir les mêmes châtiments qui lui seront infligés par les ancêtres. Du coup au décès du transgresseur, il ne pourra pas entrer dans le tombeau familial. A remarquer que ne pas intégrer le tombeau familial est une honte et est perçu comme une sanction capitale pour certains malgaches.
Les origines des fady
Généralement, les fady ont un rapport avec des lieux sacrés et sont indissociables des razana, souvent tout tourne autour des ancêtres. Par exemple, on ne doit pas pointer du doigt tendu une tombe par respect aux ancêtres. Le culte des ancêtres a donc conduit aux différents fady car les esprits des morts pour certains malgaches, continuent de veiller sur toute la famille depuis l’au-delà. Et, quand les morts sont offensés, ils peuvent nuire et arrêtent de veiller sur les vivants.
Cette croyance peut aussi parfois provenir d’anecdotes. Par exemple, on ne peut pas manger du porc avant de se baigner dans un lac, car des années lointaines auparavant, quelqu’un est mort noyé après avoir mangé de la viande de porc. Le sage du village a banni l’élevage de moutons car un enfant de la région peut avoir été écrasé par un mouton il y a très longtemps.
Le spiritisme ou la sorcellerie est pratiqué par beaucoup, certaines personnes disent entrer en contact avec les morts par le biais d’un medium ou les mpanandro . La communication avec les morts sont également à l’origine des fady. Ainsi un défunt pourrait interdire à ses proches de faire tel ou telles choses par le biais d’un mpanandro.
Exemples
Il n’est pas évident de connaitre un fady quand on se rend dans un site touristique sacré, et une précaution est de mise car l’entrée à ces endroits est souvent régentée par des fady ; il est indispensable de s’adresser à un guide local ou au sage du village car les fady sont totalement imperceptibles pour un non-initié.
Quelques exemples de fady ci-dessous. Je précise bien que ces fady ne s’appliquent que dans les lieux sacrés, et que les coutumes varient d’une région à une autre : ce qui est vrai pour un lieu sacré ne le sera pas pour un autre, d’où la nécessité d’être accompagné par un guide.
- Le port de vêtements d’une couleur donnée
- Marcher avec des chaussures
- Manger du porc, de la chèvre avant de se rendre sur le lieu sacré
- Cracher ou uriner
- Montrer une tombe du doigt tendu (par exemple à l’Isalo)
- Le fait que le père ne puisse pas assister à l’enterrement de son fils
- Boire/manger du sang cru ou cuit
- Avoir des meubles en bambou chez soi
- Partager les toilettes quand on est frère et soeur
- Ne pas enlever son chapeau quand un cortège funèbre passe
- Avoir des jumeaux et ne pas les soumettre au rituel de sélection (région de Mananjary)
- Parler le dialecte Merina (le malgache officiel) sur un lieu sacré (uniquement dans certaines régions côtières reculées). Parfois, le lieu est purement et simplement interdit d’accès aux Merinas !
Et vous, quels fady avez-vous déjà croisé à Madagascar ?
Un autre fady à Madagascar : manger de l’oignon (cru ou cuit) juste avant (ou pendant) la visite d’un palais royal ou un lac sacré. Apparemment, un grand malheur arriverait à qui oserait en manger.
Je ne connaissais pas celui-çi, merci !
Attention aux « fady » politiques qui n’ont aucune raison d’être « culturelle » et qui ne sont que des outils de manipulation et de division…
Lesquels par exemple ?
J’ai tjs dit qu il fallait retrouver le bon sens de ces fady, car ils regulaient bien La vie sociale, alors je me demande POURQUOI y a PAS fady d uriner ailleurs autre que les lieux sacres , UN mur de clôture est
UN lieu sacré, ET laisser les ordures traîner , les fady devraient être les
Nouvelles éducations écologiques …À retenir, parole de chamane